Le calme autour d'une bouteille || Alderan

Elle ne fuit pas Alice, pas comme elle aurait pu le faire avant. La convocation dans la main, elle la relis une dernière fois alors qu’il est déjà un peu tard. Rares sont les moments où le concierge lui demande de la voir, sauf peut-être pour lui tendre un piège pour qu’elle arrête ses bêtises. Mais depuis le temps Alice, elle sait reconnaître le sérieux et le jeu.

Et là, c’est plutôt une ambiance sérieuse qu’il y aura.

Les couloirs sont silencieux, elle écoute chaque son, chaque pas qu’elle fait comme pour détecter les alentours, repérer si elle est bien seule ou non. Mais rien, pas un chat pour lui emboiter le pas. Juste son familier qui la suit telle une ombre. Elle arrive finalement devant la porte du bureau, l’odeur d’alcool remplissant ses sens olfactifs. Pourquoi s’enivrer d’une boisson pareille…

Alice ne juge pas, elle aime bien mettre son cerveau à l’envers quand l’occasion se présente, mais jamais elle ne deviendrait dépendante de quoi que ce soit. Un moment d’hésitation, puis sa main se saisit de la poignée de la porte avant qu’elle ne l’ouvre rapidement, entrant dans la salle avant de la refermer sur la pointe des pieds.

Silence, maître mot de la jeune Upyr quand elle marche, elle aime se faire discrète et c’est avec un sourire narquois qu’elle regarde l’homme qui l’a convoqué, curieuse de savoir ce qu’il veut bien avoir à faire avec elle si tard.

« Bonsoir cher concierge. »

Elle s’avance et après avoir bien vérifiée qu’il ne lui préparait aucun coup fourré, elle s’installe donc sur la chaise face à lui, posant ses mains sur la table tout en le fixant.

« Que me vaut le plaisir de ta demande ? Tu veux discuter ? Ou bien est-ce un piège pour que j’arrête de t’embêter ? »

Qui ne marchera pas, nous sommes d’accord.

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Il n’a pas l’air de vouloir lui tendre un piège et sa prise de parole ne fait que confirmer ses pensées. Un sourire, elle le laisse servir l’alcool sans le quitter des yeux, air malicieux sur le visage.

« Cinq ans ? J’ai l’impression que cela remonte à tout juste quelques semaines. Mais il est vrai que les rides se font plus nombreuses sur ton visage, tu devrais sourire un peu plus. »

Elle saisit le verre entre ses doigts et n’en boit le contenue qu’après qu’il ai commencée à en faire de même. L’avantage de sa race, c’est qu’il faut beaucoup plus d’alcool que les autres pour être bourrée. Donc elle sera très largement lucide quand lui commencera à sombrer dans la fatigue.

« Oui, je ne pensais pas en être là aujourd’hui. Comme quoi, l’avenir est incertain et c’est une certitude. Dis-moi, il y a cinq ans, comment tu te serais vue maintenant ? »

Curieuse, après tout autant en profiter vu qu’il est ici et d’humeur à discuter. Même si la boisson est une mauvaise idée pour lui, elle aime savoir ce que pense les gens. Comment ils s’imaginent, se projettent dans différentes situations.

« Personnellement j’en ai aucune idée, il y a cinq ans, tout était trop flou pour que je puisse m’imaginer un futur concret. »

Ah, ce n’était que le début, elle n’avait que 15 ans. Et maintenant, elle n’était qu’une jeune femme curieuse de tout et avide de liberté.

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